Stress gastronomique : Les restaurants luxembourgeois luttent pour survivre

Yunus Tuğ, Unsplash
Entre décembre 2024 et janvier 2025, le Luxembourg a perdu plusieurs adresses gastronomiques emblématiques. Tout d'abord, le restaurant Eden Rose à Kyle a fermé ses portes, suivi par An Der Villa à Steinfort, propriété du candidat de Top Chef Thomas Murer. Ensuite, la Villa de Camille et Julien à Luxembourg, classée au Michelin, a été mise en vente, mais personne ne l'a encore achetée.
Le chef Julien Lucas admet que même un salaire de 2 800 euros "nets" ne motive plus les employés potentiels, en particulier les étrangers : le logement locatif dans le pays est devenu si cher que de nombreuses personnes trouvent plus facile d'abandonner leur emploi que de déménager.
Steve Martellini, secrétaire général de HORESCA, constate que le travail du week-end est devenu impopulaire. Aujourd'hui, il n'est plus perçu comme une norme professionnelle, surtout chez les jeunes.
Le propriétaire de La Table de la Chapelle à Neudorf, Christophe Schivre, se plaint à RTL : le télétravail a réduit drastiquement le nombre de clients. Son loyer est passé de 12.000 à 14.000 euros en quatre ans, alors que le prix de la "paye du jour" reste à 18,90 euros. Pour couvrir tous les frais, le déjeuner devrait coûter environ 50 euros, mais le marché ne le permet pas.
Selon le ministère de l'économie, le pays comptera 1 261 restaurants en 2024, contre 1 602 un an plus tôt. Dans le même temps, le nombre d'établissements de restauration rapide a augmenté de 23 % au cours des cinq dernières années, pour atteindre 376 établissements. Au cours de la même période, le nombre de cafés, de bars et de glaciers a diminué de 9 %.
Clovis Degrave et Aline Bourscheid, un couple d'entrepreneurs, gèrent avec succès trois restaurants à la fois : l'Hostellerie du Grünewald, la Grünewald Chef's Table et la Maison B. Ils sont aujourd'hui à la fois cuisiniers et comptables. Selon M. Degrave, un restaurateur est aujourd'hui à la fois un chef et un comptable. Dans un environnement instable, seuls ceux qui maîtrisent les flux financiers peuvent survivre.
L'organisation HORESCA prévoit une campagne d'information pour montrer l'économie réelle des restaurants : combien coûte un ingrédient, combien coûtent le loyer, les salaires, les taxes et ce qu'il reste à la fin. L'objectif est d'expliquer aux clients pourquoi les plats coûtent aussi cher.