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Santé

Loi sur l'euthanasie au Luxembourg

L'euthanasie reste l'une des pratiques médicales les plus débattues et les plus sensibles de la société moderne. Alors que certains pays l'interdisent strictement, d'autres sont engagés dans des discussions permanentes sur ses implications éthiques, et quelques rares pays l'ont légalisée dans le cadre d'une réglementation stricte. Dans cet article, nous examinerons la position du Luxembourg sur l'euthanasie.

Dernière mise à jour
29.09.24

L'euthanasie active n'est actuellement autorisée que dans cinq pays européens : Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal et Espagne. L'euthanasie passive est quant à elle légale dans un nombre légèrement plus important de pays européens, dont l'Allemagne, l'Autriche, la Croatie, le Danemark, l'Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, la Slovaquie, la Slovénie et la Suède.

Assistance au suicide et droit de mourir

L'euthanasie est l'acte intentionnel de mettre fin à la vie d'une personne pour soulager ses souffrances, généralement lorsque le patient est atteint d'une maladie en phase terminale ou d'une affection incurable qui provoque une douleur extrême et une diminution significative de la qualité de vie. Cette pratique est généralement effectuée à la demande du patient, bien que dans certaines juridictions, elle puisse également être autorisée par des membres de la famille ou des représentants légaux si le patient n'est pas en mesure d'exprimer ses souhaits.

L'euthanasie peut être classée en plusieurs types, selon le degré d'implication des professionnels de la santé :

  1. Euthanasie active

    Dans ce cas, le médecin joue un rôle direct pour mettre fin à la vie du patient, généralement en lui administrant une substance létale, par exemple par injection intraveineuse.

  2. Aide au suicide

    Il s'agit d'un médecin qui fournit au patient les moyens de mettre fin à sa vie, par exemple en prescrivant un médicament mortel que le patient s'administre lui-même.

  3. L'euthanasie passive

    Cela se produit lorsque les traitements de maintien en vie sont interrompus ou suspendus, ce qui permet au patient de mourir naturellement de sa maladie sous-jacente.

Au Luxembourg, l'euthanasie active et le suicide assisté sont tous deux légaux depuis le 16 mars 2009, suite à la promulgation de la loi sur l'euthanasie et le suicide assisté. Le Luxembourg est devenu le troisième pays de l'Union européenne, après les Pays-Bas et la Belgique, à légaliser ces pratiques, mais sous des conditions strictes.

La légalisation de l'euthanasie au Luxembourg n'a pas été sans controverse. Elle a suscité un important débat public et politique et a finalement abouti à une modification de la Constitution.

2001 – Premiers débats publics sur l'euthanasie

Le thème de l'euthanasie a été introduit pour la première fois à la Chambre des députés, ce qui a donné lieu à des discussions publiques et politiques sur la question.

2008 – Approbation par le Parlement et opposition du grand-duc

La proposition de loi légalisant l'euthanasie et le suicide assisté a été adoptée par la Chambre des députés. Cependant, le Grand-Duc Henri de Luxembourg a refusé de signer la loi, invoquant des objections morales personnelles.

Décembre 2008 – Réforme constitutionnelle

Le refus du Grand-Duc de signer la loi a entraîné une modification de la Constitution, sous l'impulsion du Premier ministre Jean-Claude Juncker, afin d'éviter de nouvelles impasses législatives. La réforme a réduit le rôle du monarque dans le processus législatif, rendant la signature du Grand-Duc inutile pour la promulgation des lois, renforçant ainsi la démocratie représentative du Luxembourg. Tout en respectant la position morale du Grand-Duc, M. Juncker a souligné l'importance du respect des décisions démocratiques.

Mars 2009 – Promulgation de la loi sur l'euthanasie au Luxembourg

Après la réforme constitutionnelle, la loi a été officiellement promulguée, légalisant à la fois l'euthanasie et le suicide assisté dans le cadre d'une réglementation stricte. Ces règles comprennent l'exigence du consentement éclairé du patient et la certification par un médecin que le patient souffre d'une condition médicale irréversible causant une douleur insupportable.

Le Luxembourg est l'un des nombreux pays européens qui ont légalisé l'euthanasie, que ce soit sous sa forme active ou passive. Vous trouverez ci-dessous un tableau de ces pays avec la date à laquelle elle a été approuvée, mais certains pays n'ont pas de date exacte parce qu'il n'y a pas de lois spécifiques l'autorisant.

Toutefois, comme elle n'est pas interdite, elle est autorisée dans certaines conditions et circonstances. Nous reviendrons sur la situation dans certains de ces pays dans la dernière partie de l'article.

Liste des pays où l'euthanasie est légale
PaysStatut de la questionAnnée
Pays-BasEuthanasie active2001
BelgiqueEuthanasie active2002
LuxembourgEuthanasie active2009
EspagneEuthanasie active2021
PortugalEuthanasie active2023
DanemarkL'euthanasie passive1992
FranceL'euthanasie passive2005
ItalieL'euthanasie passive2017
AllemagneL'euthanasie passive2020
AutricheL'euthanasie passive2022
CroatieL'euthanasie passivePas de date précise
EstonieL'euthanasie passivePas de date précise
FinlandeL'euthanasie passivePas de date précise
GrèceL'euthanasie passivePas de date précise
HongrieL'euthanasie passivePas de date précise
SlovaquieL'euthanasie passivePas de date précise
SlovénieL'euthanasie passivePas de date précise
SuèdeL'euthanasie passivePas de date précise

L'euthanasie au Luxembourg

Le débat sur l'euthanasie continue de susciter des opinions tranchées et des considérations éthiques dans le monde entier. Au Luxembourg, la légalisation de l'euthanasie active et du suicide assisté depuis 2009 reflète l'engagement du pays à donner aux individus le droit de choisir comment mettre fin à leurs souffrances dans le cadre de garanties juridiques strictes.

Si le Luxembourg se trouve aux côtés d'une poignée d'autres nations européennes qui ont pris des mesures similaires, le paysage juridique de l'euthanasie varie considérablement sur le continent, certains pays adoptant l'euthanasie active, d'autres autorisant l'euthanasie passive, et beaucoup maintenant des interdictions totales.

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Le graphique suivant illustre l'évolution des procédures d'euthanasie depuis l'approbation de la loi. Source : sante.lu

Depuis la promulgation de la loi, un total de 170 procédures d'euthanasie ont été effectuées au Luxembourg jusqu'en 2022. Les données révèlent une augmentation significative des cas d'euthanasie à partir de 2020, cette tendance à la hausse se poursuivant les années suivantes.

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Quand un patient peut-il demander l'euthanasie ou le suicide assisté ?

La loi stipule que les conditions essentielles suivantes, liées à la situation du patient, doivent être remplies pour qu'une demande soit prise en considération :

  • Le patient doit être adulte, capable et conscient au moment de la demande.
  • La demande doit être volontaire, réfléchie et, si nécessaire, répétée. Elle ne doit pas être le résultat d'une pression extérieure.
  • Le patient doit être atteint d'une affection grave et incurable, sans possibilité de guérison, et doit éprouver une souffrance physique ou psychique constante et insupportable, sans perspective d'amélioration.

La demande du patient doit être documentée par écrit. Le document doit être préparé, daté et signé par le patient lui-même. Si le patient est dans l'incapacité permanente d'écrire et de signer en raison de limitations physiques (paralysie, par exemple), la demande peut être transcrite et signée par un adulte choisi par le patient, en présence du médecin, dont le nom doit également figurer sur le document. Les raisons de l'incapacité du patient à écrire doivent être clairement exposées.

Documents
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La brochure spéciale du ministère de la santé fournit des informations détaillées à ce sujet.
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La brochure spéciale du ministère de la santé fournit des informations détaillées à ce sujet.
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Quels sont les autres pays qui ont des lois sur l'euthanasie ?

Au début, nous avons vu une liste de pays européens qui ont autorisé l'euthanasie sous certaines de ses formes. Et maintenant nous voyons un peu plus en détail la situation dans certains d'entre eux.

Pays ayant légalisé l'euthanasie active

Les Pays-Bas
Les Pays-Bas ont été le premier pays au monde à légaliser l'euthanasie. La loi, adoptée en 2001, énonce six conditions qui doivent être remplies pour que l'acte soit considéré comme légal, telles que la demande volontaire et réfléchie du patient, une souffrance insupportable et l'absence d'alternatives raisonnables.
Belgique
L'euthanasie a été légalisée en Belgique le 22 septembre 2002. Selon la loi belge, le médecin doit s'assurer que le patient est compétent au moment de la demande et qu'il souffre d'une affection grave et incurable.
Espagne
L'Espagne a légalisé l'euthanasie le 25 juin 2021, sous réserve de conditions strictes. Les patients doivent être adultes, citoyens espagnols ou résidents depuis plus de 12 mois, et souffrir d'une maladie grave et incurable provoquant des souffrances insupportables.
Portugal
L'euthanasie active a été dépénalisée au Portugal le 16 mai 2023. La loi autorise notamment l'euthanasie lorsque le suicide médicalement assisté est impossible en raison de l'incapacité physique du patient.

Pays qui autorisent l'euthanasie passive

France
En France, l'euthanasie active est qualifiée d'homicide et donc interdite. Cependant, la loi Leonetti de 2005 permet aux patients de refuser des traitements qu'ils considèrent comme représentant une "obstination déraisonnable", même si cela conduit à la mort, ce qui constitue une forme d'euthanasie passive.
Danemark
L'euthanasie passive est légalement reconnue au Danemark depuis 1992. La loi autorise les patients à refuser les traitements médicaux qui prolongent la vie, bien que l'euthanasie active reste illégale.
Italie
En 2017, l'Italie a reconnu l'euthanasie passive par le biais de la "loi sur le testament de vie" (Disposizioni Anticipate di Trattamento, DAT), qui permet aux patients de refuser un traitement médical qui prolonge artificiellement la vie. En outre, en septembre 2019, la Cour constitutionnelle italienne a statué que le suicide assisté peut être légal dans des conditions spécifiques, telles que des souffrances insupportables dues à une maladie en phase terminale.
Allemagne
En février 2020, la Cour constitutionnelle fédérale allemande a annulé l'interdiction de l'aide au suicide de 2015, déclarant que les individus ont le droit de mourir de manière autonome, même avec de l'aide. Toutefois, l'euthanasie active reste interdite.
Autriche
L'aide au suicide est dépénalisée en Autriche depuis le 1er janvier 2022, mais elle est limitée aux patients en phase terminale, les mineurs étant exclus de ces dispositions.
Suisse
Si l'euthanasie active est illégale, l'euthanasie passive est autorisée en Suisse en raison de l'absence de réglementation légale explicite. L'assistance au suicide, en revanche, est tout à fait légale si le patient a la capacité mentale de prendre la décision, s'il administre lui-même la dose létale et si le médecin n'agit pas pour des motifs égoïstes. Dans la pratique, le suicide assisté est souvent pratiqué par des organisations à but non lucratif dans le pays.
Autres pays
L'euthanasie passive est également autorisée en Finlande, en Suède, en Estonie, en Croatie, en Grèce, en Hongrie, en Slovaquie et en Slovénie. Dans certains de ces pays, le cadre juridique est moins bien défini, mais l'euthanasie passive est généralement autorisée dans des conditions qui permettent aux patients de refuser un traitement de maintien en vie. Dans certains cas, l'approbation d'un comité médical est requise.
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Pays où l'euthanasie est interdite

Dans des pays comme le Royaume-Uni, la Bulgarie, Chypre, Malte, la Pologne, l'Irlande, la République tchèque, la Roumanie, la Lettonie et la Lituanie, l'euthanasie active et l'euthanasie passive sont toutes deux interdites. Dans nombre de ces pays, l'euthanasie est non seulement illégale, mais elle est également passible de lourdes peines.

Ce sujet complexe et sensible touche à des questions profondes de dignité humaine, d'autonomie et de rôle des professionnels de la santé dans les soins de fin de vie. Alors que de plus en plus de pays s'engagent dans des discussions sur l'euthanasie, les lois et réglementations entourant cette pratique continueront probablement d'évoluer, façonnées par l'évolution des valeurs sociétales et la recherche permanente d'un équilibre entre la compassion pour les personnes souffrantes et la protection de la vie.

L'approche du Luxembourg, qui met l'accent sur les droits des patients tout en préservant l'éthique médicale, constitue un modèle pour les pays confrontés à cette question difficile. Toutefois, elle rappelle également l'importance d'une réglementation prudente et réfléchie lorsqu'il s'agit de questions qui ont un impact aussi profond sur les individus et leurs familles en fin de vie.

faq

Foire aux questions (FAQ)

Quelle est la différence entre l'euthanasie active et le suicide assisté dans la loi luxembourgeoise ?

Existe-t-il une condition de résidence ou de nationalité pour accéder à l'euthanasie au Luxembourg ?

Un médecin peut-il refuser de pratiquer l'euthanasie au Luxembourg ?

Combien de procédures d'euthanasie ont été pratiquées au Luxembourg depuis la promulgation de la loi ?

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