Travailler au Luxembourg tout en vivant en France, en Belgique ou en Allemagne est devenu un choix de vie populaire pour de nombreux résidents de ces pays voisins. Cette formule leur permet de bénéficier des salaires plus élevés offerts au Luxembourg tout en profitant du coût de la vie relativement moins élevé, notamment en termes de logement, dans leur pays d'origine. Dans cet article, nous examinerons la dynamique unique du travail transfrontalier et ses implications.
A la fin du mois de juin 2023, la main-d'œuvre luxembourgeoise comptait 484 285 employés, dont 227 955 travailleurs frontaliers. Ce chiffre important représente 47 % de l'emploi total du pays, ce qui illustre le rôle crucial que jouent ces travailleurs dans le maintien du marché du travail et de la vitalité économique du Luxembourg.
Un travailleur transfrontalier au Luxembourg est une personne qui réside dans un pays et fait la navette quotidiennement pour travailler au Luxembourg. Il s'agit d'une pratique courante parmi les personnes vivant dans les pays voisins tels que la France, la Belgique et l'Allemagne.
Au fil du temps, le Luxembourg est devenu un pôle d'attraction pour les travailleurs frontaliers, une tendance qui se reflète dans les chiffres. En 2023, sur les 484 285 employés que comptait le Luxembourg, 227 955 étaient des travailleurs frontaliers. Cela signifie que près de 47 % de la main-d'œuvre du pays est composée de personnes qui font la navette depuis d'autres pays, ce qui souligne leur rôle important dans l'économie du pays.
Le phénomène de l'emploi transfrontalier a connu une progression constante au fil des décennies. En 1974, il n'y avait qu'environ 4 400 travailleurs frontaliers en provenance de France, 5 700 en provenance de Belgique et 1 300 en provenance d'Allemagne. En outre, ces dernières années, cette tendance s'est considérablement accrue, le nombre de travailleurs frontaliers au Luxembourg ayant doublé au cours des 20 dernières années. La plupart de ces travailleurs sont originaires de France, suivis par la Belgique et l'Allemagne à parts presque égales.
Pour devenir un travailleur transfrontalier au Luxembourg, il faut avant tout trouver un emploi au Luxembourg tout en conservant sa résidence dans un pays voisin. Pour les citoyens de l'Union européenne (UE), comme ceux de France, de Belgique ou d'Allemagne, aucun permis de travail n'est nécessaire en raison du principe de libre circulation de la main-d'œuvre de l'UE ;
Cela signifie que ces citoyens peuvent librement chercher un emploi, travailler et vivre au Luxembourg sans être soumis à des restrictions spécifiques en matière de permis de travail. Les ressortissants de l'UE n'ont pas besoin d'un permis de travail transfrontalier spécial pour le Luxembourg.
Toutefois, les résidents de France, de Belgique ou d'Allemagne qui ne sont pas citoyens de l'UE mais qui détiennent un permis de séjour dans ces pays doivent obtenir un permis de travail luxembourgeois pour être autorisés à travailler dans le pays. Cette démarche doit être effectuée avant de commencer à travailler et nécessite généralement une offre d'emploi de la part d'un employeur luxembourgeois.
Bien qu'aucun permis de travail ne soit requis pour les ressortissants de l'UE, le travail transfrontalier implique certaines considérations administratives, notamment en matière de sécurité sociale et de fiscalité.
Les travailleurs frontaliers au Luxembourg doivent payer des impôts sur les revenus qu'ils gagnent au Luxembourg. Toutefois, en tant que non-résidents, ils ne sont pas imposés sur leurs revenus mondiaux au Luxembourg.
Les paiements d'impôts au Luxembourg, contrairement à d'autres pays, ne nécessitent pas toujours une déclaration d'impôts car les salaires, pensions et autres rémunérations provenant de l'exercice d'une activité au Luxembourg sont soumis au régime général de retenue à la source ;
En outre, les travailleurs frontaliers peuvent être tenus de remplir une déclaration d'impôt dans leur pays de résidence si eux-mêmes ou leur conjoint y perçoivent des revenus.
Pour éviter la double imposition, le Luxembourg a signé des conventions de double imposition avec les pays voisins que sont la France, la Belgique et l'Allemagne. Ces conventions garantissent généralement que les travailleurs frontaliers ne paient pas d'impôts sur le même revenu à la fois au Luxembourg et dans leur pays de résidence.
Toutefois, ces conventions ne sont pas toujours sans poser de problèmes. Par exemple, l'actuelle convention fiscale entre la France et le Luxembourg, signée en 2018 et applicable à partir de 2025, présente des défis pour certains travailleurs frontaliers français. En savoir plus sur la double imposition avec d'autres pays dans notre article.
Le travail à distance introduit des considérations supplémentaires en matière de fiscalité transfrontalière. Les revenus perçus par les travailleurs frontaliers pendant les jours travaillés en dehors du Luxembourg, tels que les jours de télétravail, sont généralement imposables dans le pays de résidence du travailleur.
Le Luxembourg a conclu des accords bilatéraux avec ses pays voisins qui autorisent un nombre limité de jours de télétravail sans modifier l'assujettissement à l'impôt. Actuellement, ce seuil est fixé à 34 jours par an. Si les travailleurs frontaliers dépassent cette limite, que ce soit en raison du télétravail ou d'un voyage d'affaires, le revenu correspondant aux jours travaillés en dehors du Luxembourg devient imposable dans leur pays de résidence.
Toutes les personnes travaillant au Luxembourg doivent être enregistrées auprès du Centre Commun de la Sécurité Sociale (CCSS). Cette inscription permet aux travailleurs frontaliers d'avoir accès aux prestations de sécurité sociale du Luxembourg, y compris l'assurance maladie et maternité, l'assurance pension, l'assurance accident et l'assurance dépendance.
Les travailleurs frontaliers doivent également s'inscrire au système de sécurité sociale de leur pays de résidence pour bénéficier du remboursement des frais de santé.
L'affiliation à la sécurité sociale au Luxembourg est simple. Lorsqu'il commence un nouvel emploi, l'employeur doit inscrire l'employé à la sécurité sociale luxembourgeoise dans les huit jours suivant l'embauche. Une fois l'inscription effectuée par la CCSS, le travailleur reçoit une lettre de sécurité sociale contenant un numéro d'identification à 13 chiffres.
Les travailleurs frontaliers doivent remplir un formulaire spécifique à remettre aux autorités de sécurité sociale de leur pays de résidence pour bénéficier des remboursements de soins de santé. Ce formulaire est délivré par la Caisse nationale de santé du Luxembourg (CNS) et est connu sous le nom de formulaire S1 pour les résidents français et de formulaire BL1 pour les résidents belges.
Une exception existe pour les travailleurs frontaliers français résidant dans la région Grand Est ; leurs documents d'affiliation sont envoyés directement aux Caisses Primaires d'Assurance Maladie (CPAM) en France.
Le remboursement des frais de santé dépend du lieu où les frais sont engagés. La CNS est responsable du remboursement des frais de santé engagés au Luxembourg ou dans tout autre pays, à l'exception du pays de résidence du travailleur.
Pour les dépenses engagées dans le pays de résidence du travailleur, le système de sécurité sociale local prend en charge ces frais et les remboursements sont effectués selon les taux, les tarifs et les conditions de ce pays. Par conséquent, pour obtenir le remboursement des frais de santé engagés dans leur pays de résidence, les travailleurs frontaliers doivent s'adresser à leur bureau local de sécurité sociale.
Il s'agit d'un aspect crucial pour les travailleurs transfrontaliers au Luxembourg, car beaucoup d'entre eux passent beaucoup de temps à faire la navette quotidiennement. Il y a des embouteillages et le système ferroviaire n'est pas compliqué, mais il demande un certain effort pour se déplacer en raison des travaux ferroviaires en cours. Deux points essentiels méritent d'être mentionnés : la gratuité des transports publics dans certaines zones et les déductions fiscales possibles pour les frais de transport.
Depuis 4 ans, le Luxembourg offre des transports publics gratuits sur l'ensemble du territoire. Cependant, les travailleurs transfrontaliers sont souvent confrontés à des trajets où seule la partie luxembourgeoise du trajet est gratuite, alors qu'ils doivent payer pour les segments dans les pays voisins.
Récemment, certaines villes françaises voisines comptant un grand nombre de travailleurs frontaliers ont lancé un essai de six mois offrant des services de bus gratuits vers la frontière luxembourgeoise aux heures de pointe du matin et du soir. Cette initiative, si elle est couronnée de succès et étendue à d'autres municipalités, pourrait rendre l'ensemble du trajet gratuit, ce qui permettrait aux travailleurs transfrontaliers de réaliser des économies significatives et de bénéficier d'une plus grande commodité.
Les travailleurs frontaliers peuvent bénéficier d'une déduction fiscale forfaitaire pour les frais de transport, prélevée à la source par l'administration fiscale. L'Administration des Contributions Directes calcule cette déduction sur la base de la distance linéaire en kilomètres entre le lieu de résidence du travailleur et son lieu de travail. Pour les travailleurs frontaliers, le calcul prend en compte la distance entre le chef-lieu de la commune de résidence et le point d'entrée du travailleur au Luxembourg, puis la distance jusqu'au lieu de travail.
L'indemnité maximale disponible est de 2 574 euros par an, soit environ 214,50 euros par mois. Cette déduction est reflétée dans la feuille de paie sous la rubrique FD (Frais de Déplacement) ou sur la déclaration de retenue à la source.
L'attrait principal du travail transfrontalier est l'avantage économique qu'il offre. Le Luxembourg a la réputation d'offrir des salaires plus élevés que ses voisins, ce qui permet aux travailleurs frontaliers de gagner davantage tout en bénéficiant du coût de la vie relativement moins élevé dans leur pays d'origine, notamment en termes de dépenses de logement.
Source: luxembourg.public.lu, lustat.statec.lu, frontaliers-grandest.eu, guichet.public.lu, guichet.public.lu, infos.rtl.lu, www.francebleu.fr, partir.ouest-france.fr, www.lesfrontaliers.lu, www.luxtimes.lu
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